jeudi 16 octobre 2014

Les Palissades



Dans les blanches palissades ce matin, j’ai repensé ce songe

On eut dit le récit d’un va-t-en-guerre, où guérir était mourir deux fois

Ce sont les Lignes de nacre, les espérances fouettées 


Apprendra-t-on ce qu’on n’a jamais su ?

Y’aura-t-il plus de clairvoyance ?

Serons-nous de la décade des gens instruits ?


J’ai eu un peu peur, lorsque les questions sont venues

Je me suis dit : halte, mais qui va là ?

La seule personne de ce que j’ai accompli


Quelles histoires raconteras-tu ?

Celles à venir, celles à laisser ?

Comment traduire l’inexplicable ?


Sers-toi de ton cœur, puisqu’en son fond réside ton âme

Pas un pli, ni figures

Tu es, tu demeures

Dans les blanches palissades et les parquets moulus





52 Semaines est un projet en commun créé en 2013 avec mon frère Pascal. 
L'une de ses photos, romancée par quelques-uns de mes mots... 

jeudi 25 septembre 2014

LES 10 COMMANDEMENTS



Je pense à toutes ces années, toutes ces histoires,  un peu dingues ou un peu moins. Elles sont là, elles existent. Elles font partie de ma vie.

Je sais seulement que je ne dois pas regretter, que je ne dois rien regretter. Je n’ai pas le choix. Aussi imparfaites qu’invraisemblables parfois, ces histoires-là sont la vie elle-même. Elles font de moi un être vivant.

Oui, un grand vertige et le grand saut, tomber pour tout perdre, sans que rien d’autre pourtant ne cesse.

Qui n’a pas vécu cela ?

C’est tout le reste, tout ce qui demeure inchangé, qui peut rendre fou, parce qu’à l’intérieur de vous, tout semble différent, dévasté. Le plus déstabilisant alors, c’est qu’il n’y a que dans cet intérieur là que cette dévastation est palpable, tangible, presque raisonnable. Elle échappe à la résidence du Monde, devenant pourtant le cœur même de Celui dans lequel on doit vivre.

Si nous échouons là où nous supposions que l’entreprise était juste, comment ne pas remettre en cause sa propre patrie, son domicile d’homme ?

Peut-être et simplement, en allant chercher encore, au-delà des injustices, des pas de bol tu t’es planté et encore t’as pas fini mec, parce que tu tentes, parce que tu vibres, et ce n’est surtout pas un alibi et tu sais quoi, l’avenir s’en cogne.

Hé oui, t’es certainement plus assez fort pour conquérir le monde ! C’est fâcheux, certes, mais t’as vu la gueule qu’il a, le monde ?

Et pourquoi devrais-tu seulement t’en soucier, alors qu’il te reste encore à entreprendre la plus grande des conquêtes : celle de toi-même.

Ces épisodes, des plus prometteurs aux plus chaotiques, sont la substance de vivre et, à l’heure qu’il est, tandis que le jour ne tardera pas à poindre, la seule matière que je puisse abreuver.

Je suis une bête et un être humain. L’amour n’a jamais été inconcevable.  Il ne le sera jamais. Il n’a pas dit son dernier mot.

Y’a t-il seulement un ailleurs, un plus tard, un autrement qui puisse être différent, si nous ne changeons pas ? Ne sommes-nous que quelques-uns à poser ce genre de questions ? Je ne le crois pas. Je me trompe peut-être.

Faudrait-il aussi se résigner à oublier les rêves de notre jeunesse, ceux d’une époque où le rêve lui-même ne pouvait être compromis. Ce n’est pas une question d’adolescence écornée, mais de résignation. Et à cette dernière,  on peut encore dire non.  

Un an passe ou une décade, en un seul souffle, si vertigineux, qu’on n’évite pas le piège du compte à rebours. Mais on doit pouvoir compter autrement.

J’ai beau avoir quarante ans, c’est bien une vie entière que je veux pour demain. Je crois encore à quelques rêves et il se pourrait bien que j’ai raison. Même si je ne connais pas la formule, je peux tenter d’apprivoiser cette fourbe appréhension qui fige l’énergie vitale dans un immobilisme qui ne devient qu’une cage de plus.

La raison pour laquelle je peux encore intervenir, c’est que cette cage là n’existe que par moi, mes doutes et le confort inconfortable dans lequel je baigne et me prélasse.

Etre une machine ou cesser de l’être. Crever plus vite ou ne crever pas trop vite. Mourir quand l’heure sera venue. Mais avant cela, et là je cite : décider quoi faire du temps qui nous est imparti. 

Ça colle, bien sûr. Ça fonctionne même suffisamment pour garder les pieds sur terre, en les ancrant en cette planète avec une once supplémentaire d’ardeur et de pragmatisme.

Faudrait-il également à jamais renier sa part de folie ? Je ne le crois pas non plus.

Elle est cette parcelle encore capable de changer la donne. Non pas qu’elle soit globalement assez futée pour s’accaparer à elle seule le bon stratagème, mais de part sa nature, intrinsèquement, devenir le vecteur de la mise en marche, le catalyseur d’un déclic devenu aussi nécessaire qu’indispensable.

Où voulons-nous aller ? Que devons-nous faire pour y parvenir ?


1 - Serrer les dents et pleurer, seulement lorsque personne ne peut vous voir.

2 - Faire le pitre, au lieu de transmettre sa tristesse.

3 - Dire des conneries, autant que l’on peut.

4 - Faire des conneries, tant qu’il y aura des conneries à faire.

5 - Croire au Beau, lorsque tout n’est que mocheté ou ivresse - cela n’arrive presque jamais. Toujours croire en Lui.

6 - Apprendre de la laideur, sans s’inspirer d’elle.

7 - S’impliquer et savoir être seul, sans que la solitude ne soit jamais rempart à l’altruisme.

8 – Savoir ne pas être seul, pourtant lâcher prise.

9 - Dire des trucs sympas, quand la sympathie est véritable.

10 - Enfin, vendre sa culpabilité aux enchères du Monde et puis le regarder, droit dans les yeux, sans honte et sans rancune, au moment précis où il allonge la monnaie. 

mercredi 17 septembre 2014

Les Rafales


Ô, pourpre Violette

Si près de toi mon souffle

De tes lèvres
Qu’apprendras-tu de moi ?

Tous les combats, nos soubresauts ; inaccessibles rafales

Elles nous effleurent, nous parcourent
Elles sont en nous

Accepte leur langage                  

Si loin de moi la Ligne
Vertu aiguisée de toutes les autres barbaries

Esprits incorrompus
Que jamais ne se résignent vos ciels

Ô, poésie

Comme j’ai besoin de toi 


52 Semaines est un projet en commun créé en 2013 avec mon frère Pascal. 
L'une de ses photos, romancée par quelques-uns de mes mots... 


lundi 8 septembre 2014

Le mec en face de toi



Cette photo vient des ténèbres, sans doute la pire époque de ma vie, si l’en fallut une. Deux bonnes années ont passé depuis.

Que veut dire tout ça ? Que raconte la posture ?

La posture signifie qu’il y a un mec en face de toi. Ce mec a toujours cru en toi, même s’il vous arrive de ne pas vous comprendre, de vous décevoir même, en de rares occasions.

Ce sont parmi les petites imperfections de la vie, qu’il faut savoir admettre.

Car la compréhension, ce n’est pas qu’une histoire de mots, que l’on pose comme ça, de manière pertinente. La compréhension, c’est recevoir l’autre, l’aimer encore, même quand tu sais qu’il est tout pourri à l’intérieur, perdu comme une racine à laquelle on aurait arraché son arbre.

L’arbre de vie, mec. L’arbre de vie.

Ce jour-là, juste avant de déclencher, mon frère m’a dit :

- Y’a pas besoin de plus, bro, tu le sais bien, non ? Alors sois toi-même !

On dit bien qu’une leçon en vaut une autre. On se trompe si souvent. L’irrémédiable ne se regrette pas. Il s’assume. 

La posture veut dire qu’il y a mon frère en face de moi, qu’il m’appelle à ne jamais rien lâcher, à ne jamais laisser aux ténèbres plus que la seule part qui leur revient.


52 Semaines est un projet en commun créé en 2013 avec mon frère Pascal. 
L'une de ses photos, romancée par quelques-uns de mes mots... 

vendredi 8 août 2014

Go Your Own Way



Textes et Photos présentées lors de l'exposition Art Nocturne "Marée Basse", le 11 août prochain à 21h30, sur la plage de Montalivet.

Toutes les infos ici :

http://www.expoartnocturne.com/

vendredi 18 juillet 2014

Revolver


Les mots sont les balles Avenir.

J’ai vidé mon chargeur.

J’ai tiré sur tout ce qui ne bougeait plus.

La première salve a atteint le dernier cercle, la métropole d’une règle figée en elle-même, celle où il vaut mieux savoir qu’apprendre.

J’ai buté la sphère médiatique ; elle n’est pas le monde qui vit dans mon ventre. Si tu veux tripper, allume ton esprit.

J’ai flingué ceux qui sont déjà morts. C’était la bonne surprise ; ils ne sont pas aussi nombreux que ça.

J’ai tiré en l’air, décochant les doux nuages d’une vie certaine. Ça a bien envoyé, j’ai ramassé sévère ; les tempêtes, si tu les inventes, brave-les jusqu’au bout.

Je me suis tiré dessus aussi, tant qu’à faire. Le sang n’est pas forcément rouge ; le cœur saigne aussi par les yeux.

Il me restait encore une balle.

J’ai visé la meilleure part de nous. J’ai appuyé sur la détente.

Cette balle était pour toi.

Elle s’est perdue.

C’était un mot d’Amour… 


52 Semaines est un projet en commun créé en 2013 avec mon frère Pascal. 
L'une de ses photos, romancée par quelques-uns de mes mots... 

mardi 8 juillet 2014

CUISANTE CEREMONIE


 C’était en 2003, une année considérable.

Je n’avais pas trente ans.

Je reçus un mail de Mike ce jour-là. Le début d’après-midi s’étirait trop lentement. J’étais au travail, devant l’ordinateur,  accomplissant assez vaguement les missions imparties.

Le mail portait le titre évocateur de « Galère en vue ». Il dressait, en une dizaine de lignes, le résumé explicite d’une situation imprévue : la petite amie de Jérôme venait de lui apprendre la tromperie, elle-même annonciatrice, quelques instants plus tard, d’une rupture irrévocable.

Mike parlait bien de cette charmante jeune femme, que j’avais rencontrée pour la première fois six jours auparavant. Elle descendait de Paris, aider au déménagement de notre copain, qui quittait enfin Figeac pour s’installer à Toulouse.

Ma première pensée fut pour elle, étonnamment.  

La rupture, Jérôme l’avait malheureusement déjà connue dans un passé récent, une année et demie à peine écoulée. Ce fut son premier grand chagrin d’amour, toujours la même histoire. Une fille, dont il était éperdument amoureux, l’avait quitté du jour au lendemain, alors qu’ils semblaient tous deux vivre une relation épanouie, durable. En revêtant les atours difficiles de celui qui prend la décision, elle lui avait simplement annoncé qu’elle ne l’aimait plus.

Elle lui avait brisé le cœur.  Il avait beaucoup pleuré. Il avait presque trente ans. Il n’est jamais trop tard.

De très longs mois avaient été nécessaires, avant qu’il ne remonte la vertigineuse pente de cet amour au trépas, et ne recouvre cette si précieuse croyance quotidienne de la vie, simplement offerte, devant lui.

Cette époque fut celle d’un rapprochement évident entre nous, celle du partage de nos deux expériences qui, si elles différaient fondamentalement sur la forme, se ressemblaient pourtant à s’y méprendre. Les endommagements de l’âme sont universels.

Je ne l’avais depuis connu que célibataire. Sa dernière relation n’ayant pas un trimestre, la jeune femme vivant à Paris, je n’avais jamais eu l’occasion de les voir ensemble, jusqu’à ce dernier week-end, à Figeac puis à Toulouse, où j’avais enfin pu mettre un visage sur ce bonheur neuf. Je m’étais sincèrement réjoui de voir que la magie semblait opérer, cette fille ayant injecté dans son regard, de cet éclat qui n’appartient qu’aux gens qui s’aiment.

Elle paraissait douce, attentionnée, son amour empreint de pudeur. J’avais passé une grande partie du dimanche après-midi en leur compagnie. Nous avions fait une assez longue promenade sur les berges de la Garonne, obligation toulousaine des dimanches ensoleillés,  avant d’aller manger dans un petit resto grec proche des cinémas, en attendant le Spielberg de 20 heures.

Nous nous étions séparés après le film, sur le trottoir devant le cinéma. Il était touchant Jérôme,  avec ce sourire incrusté dans le cœur et, elle, toujours aussi douce, échangeant avec moi un au revoir que je perçus comme une promesse de prochaine fois. Trois jours après, elle couchait avec son ex. Puis avouait et quittait Jérôme. Fin de l’histoire.

Je l’appelai le soir même, alors qu’il était dans le train pour Paris. Il était proche de la capitale, lorsqu’il décrocha. Je l’interrogeai. Il répondit doucement, d’une voix étouffée, un souffle endolori :

- Je vais chercher des explications, Olivier ! Je ne comprends rien et je veux comprendre. C’est pas possible… Je ne comprends pas… 

Il me fit immédiatement beaucoup de peine, chaleur irradiant le ventre, les yeux soudainement piquants. Je perçus dans ses mots amertume, écœurement et de cet état qu’on ressent parfois au plus profond de nous, dans l’évidence d’une incontestable défaite, qu’il nous est pourtant impossible de reconnaître.

Il n’avait rien vu venir. Il se projetait. Il avait raison. Il faut toujours croire, lorsque l’on aime.

J’avais cependant une certitude : il ne vivrait pas cette nouvelle épreuve pareillement à son premier amour brisé. Si sa vie actuelle se trouvait indéniablement bouleversée, le temps n’était plus pour lui de souffrir comme lors de ce chagrin originel, les armes dont il disposait n’étant objectivement plus les mêmes.

La chute sans fin, la grande Bascule, appartiennent à la première fois, exclusivement. Le fond de son être le savait, sans qu’il n’ait besoin de faire usage de cette connaissance autrement qu’à la manière d’un ticket modérateur, maintenant naturellement la dose de souffrance à un niveau déjà connu, donc plus supportable.

Lorsque je luis dis au revoir, il me sembla que nos gorges nouées se comprenaient. Il reprit :

- Je ne sais pas encore si je redescends sur Toulouse ce week-end. Tout dépendra de la manière dont ça se passe…. 

Il marqua une longue pause, finalement peut-être aussi longue que la chute qu’il était en train d’écrire en silence, le regard perdu dans la courbe vague de ces rails fuyants, qu’il connaissait par cœur. Il ajouta :

-  Mais c’est quand même très probable. A plus, mec !  

Il raccrocha. Lui avoir parlé m’avait fait du bien, la simple intuition que la lumière d’une bougie éclaire et réchauffe ce qu’elle peut, sans changer grand chose, si ce n’est peut-être tuer la noire obscurité.

Je ne fis rien de remarquable après cela. Par habitude, je me couchai tard, m’endormis plus tard encore. Ce que m’offrirent la nuit, ses rêves troubles, ne sut guère rasséréner la part inapaisée de mon être.

Vendredi disparut, dans le morne rythme d’une fin de semaine que j’attendais depuis trop longtemps. Une seconde plus tard, le week-end pris la suite, manège de jouets rabougris, usés de nos usages répétitifs.

Plus épuisé par le manque de sommeil que par mes cinq jours de travail, cette première soirée fut relativement raisonnable. Mike passa chez moi vers 21h.  Je lui offris un verre de vin rouge assez peu fameux, d’un pourtant bon Buzet que j’avais déjà acheté plusieurs fois. Le numéro tiré cette fois-ci était foireux, éventé. Cela ne m’avait pas empêché d’en boire une bonne moitié la veille au soir, en travaillant sur l’ordinateur à ce premier bouquin que je voulais faire vivre, jusqu’au beau jour bien improbable de son achèvement.

Vers 23 heures, nous fûmes rejoints par Mathilde et Matthieu, son nouvel ami, un garçon de 25 ans gentil, doux, qui avait semble-t-il bien moins de défauts que moi au même âge, en cela que je n’aurai jamais accepté de passer une soirée chez l’ex de ma copine. Trop jaloux, trop con, trop rital, pour la très simple moitié de mon sang, même si l’excuse ne vaut que pour être citée.

Ils ne vinrent heureusement pas les mains vides : un pack de bières, une bouteille de rhum, quelques citrons. Je bus en prélude quelques bières, le nécessaire échauffement avant l’entracte.

Cette soirée fut assez agréable. Je m’occupai de la programmation musicale, ce qui m’emplissait toujours d’une joie simple. N’étant à l’époque pas équipé pour mixer, je me contentais d’enchaîner archaïquement les meilleurs morceaux des cd vers lesquels allaient mes préférences, éphémères, plus durables, fidèles et, enfin, peut-être pour un ou deux extraits seulement, celles se réclamant des incompressibles fragments, où des pans entiers de votre vie sont inscrits dans une seule chanson.

Après les bières, je bus trois ou quatre rhums, qui sur moi eurent l’effet que j’attendais d’eux, miracle élucidé d’avance. Je finis en effet par être réchauffé en toutes les saines parties du corps, tandis qu’enfin l’esprit se mit à flâner aux abords charmeurs de sa propre désensibilisation.

Vers deux heures du matin, les amoureux s’en allèrent poursuivre ailleurs, les pleins bagages d’un amour qui était né, sans nul doute possible. A certains moments, qui ne durèrent que le temps d’un mot ou d’un sourire, voir Mathilde heureuse comme je la vis me fit un drôle d’effet, comme si nous avions tous deux manqué quelque chose, en notre temps.

Mais je n’étais pas jaloux. Ce n’était plus l’heure. Je n’avais plus aucune raison. Nous avions vraiment tout tenté pour mener notre barque à bon port, au-delà des récifs, des abîmes. Nous n’avions tout bonnement pas réussi. Nous étions devenus amis, ou quelque chose approchant. Et cela fonctionnait mieux comme cela.

Immédiatement après leur départ, Mike et moi achevâmes la soirée avec Echoes, la plus vertigineuse épopée des Floyd, un rite entre nous. Ivre de fatigue, je me laissai emporter avant la fin de l’hymne psychédélique, qui me réveilla dans la soudaine instauration du silence.

Une fois jouée One of these days, dernière prolongation floydienne, Mike me quitta. Je n’eus pas la force de bouger du canapé, lui lançai un au revoir de messe basse, tout en demeurant allongé.

La porte se referma doucement derrière lui. Je fermai les yeux, me laissant bercer par les mélodies de Waters, de Gilmoure. Il était un temps où il fallait lâcher prise.

A sept heures environ, je me réveillai, patraque, la bouche pâteuse, dans l’exacte position qui m’avait vu fondre dans un sommeil vide. Je fis un effort certain pour rejoindre le lit, où je m’affalai sans ne retirer le moindre vêtement.

Mike me rejoignit ce même jour, dans le milieu de l’après-midi. Nous allâmes sur les berges. Il alluma un joint, que je partageai avec lui. Le temps était splendide. Nous discutâmes longtemps, comme nous aimions à le faire parfois, trop rarement à mon goût, hors nos jeux de guerre, de beuveries, de circonstances.

Nous parlâmes de nos vies, dont nous ne savions toujours rien ou si peu de choses ; l’avenir semblait parfois n’appartenir qu’à lui-même. Jérôme téléphona vers 17 heures. Navigant de nouveau sur les rails, il rentrait, arrivait bientôt sur Toulouse. Mike me regarda après avoir raccroché, me dit :

-          Ça a l’air d’aller un peu mieux. Sa voix n’est pas mauvaise et il est capable de rire. Il ne semble pas totalement abattu.

-  Tant mieux, mais ça ne m’étonne pas trop. Ça ne pourra de toute façon pas être aussi dur cette fois-ci. 

Mike acquiesça silencieusement puis, après quelques secondes, me proposa de marcher un peu le long des berges. Sous l’effet cannabique, notre marche fût nonchalante, emplie d’un monde en quête du confort de la décélération.

Nous passâmes sous le Pont Neuf, allâmes jusqu’au bout des quais. Nous rejoignîmes le Filochard, petit bar chaleureux, repère des béarnais de la ville rose, situé au dernier angle de la rue de Metz, à proximité du pont.

Deux demis, une table sur la terrasse, qui n’était que le trottoir lui-même,  la vision partagée en silence du soleil au-delà du pont, du fleuve, des immeubles impavides, en train de s’évanouir, disparaître derrière eux.

Il me sembla, tandis qu’il peignait le ciel d’arabesques rougeoyantes, que sa fuite était prématurée. Je ressentis cruellement le besoin de sa présence. Son spectacle n’était finalement que celui des hommes en espérance, qui avait connu le bonheur, l’avait perdu, puis qui, magiquement, faisait de nouveau battre en eux l’écho du tangible espoir de sa reconquête.

Jérôme nous rejoignit vers 18h. Il avait la mine triste, le teint gris et pâle. Son visage, fermé, raisonnablement larmoyant, ne portait pas la marque de l’effondrement. Notre ami souffrait, mais il encaissait. Même affecté, il savait pertinemment qu’aucun autre choix ne se présentait à lui, que de continuer à tracer la route, si triste devenue. Il nous livra ses impressions, relata les faits, pour conclure d’un  ton dégoutté, presque excédé :

-          Je n’aurais jamais cru ça d’elle, qu’elle soit capable de me faire ça, de me faire un truc pareil ! On croit connaître les gens, surtout ceux qui nous sont proches, mais la vérité, c’est qu’on ne les connaît jamais vraiment. On ne les connaît pas, putain !

 Jérôme était épris de la colère grise des gens défaits. Mike et moi ne pouvions que consentir doucement ; il suffisait à chacun de regarder en sa propre histoire, y lire l’un de ces semblables couplets. Dans les instants qui suivirent, ceux de la réplique, Mike lui parla plus que moi.

Encore profondément blessé, il me fallait plus de temps pour apprivoiser les mots dédiés au malheur, sans risquer de me servir d’eux à seule fin de sortir à mon copain quatre vérités déjà connues de lui ou, pire encore, de m’apitoyer inutilement sur son sort. Mes mots viendraient, à l’heure adéquate.

Nous prîmes très vite une importante décision, intuitivement conscients du nécessaire besoin de ne pas nous laisser faire. Nous allions fêter dignement l’événement dès le soir venu, en d’autres termes, nous démettre la gueule.

Force et honneur, une autre fois.

Le cadre était révélé. Nous étions invités pour l’apéritif et toute la descendance chez un couple d’amis, Gilles et Guewen. Leur gentillesse n’avait peut-être d’égal que l’attachante originalité dans laquelle la moitié féminine du duo semblait en permanence évoluer. Cette carte en main, il ne nous manquait plus qu’à définir la manière. De ce côté-là, peut-être le seul point que nous maîtrisions encore, nous n’avions aucune inquiétude.

Tandis que la nuit s’était abattue proprement sur la ville, les illusions qu’elles faisaient insidieusement naître, nous laissâmes derrière nous le Filochard, ses bruits réconfortants, les rires enlacés aux alcools, l’équation parfaitement résolue d’une immuable alchimie.

A peine échauffés, nous déambulions dans la rue de Metz, où nous atteindrions bientôt le Monument aux Morts. La colère de Jérôme était transmise. Nous étions déjà, collectivement, investis d’un courroux vif, difficile à contenir, qui s’insinuait sous la peau, dans nos veines.

Il nous donnait des allures un peu sauvages, l’envie de faire peur aux mamies, aux filles que l’on croisait, haranguant leur conduite impardonnable d’un seul regard péremptoire, foutant au passage quelques coups de pieds défouloirs dans d’innocentes poubelles, attendant patiemment l’heure de leur dernier voyage.

Perdre l’amour, c’est un peu comme perdre une guerre – la seule victoire consiste bien à reconstruire quelque chose, quoi qu’il en coûte, après l’instauration d’un chaos dont on est bien obligé de reconnaître le caractère transitoire.

Après cette guerre-ci, le temps nécessaire pour en panser les plaies, en adviendrait une autre. Puis une prochaine encore, jalons obligatoires des vies que nous avions imparfaitement à bâtir, dans une exploration que nous désirions pourtant aussi sincère que possible.

Nous fîmes un bref arrêt chez Mike où il devait récupérer Sophie. Il dénicha en prime une bouteille de rhum. Le trajet en voiture s’effectua, sans grande effusion de mots.

Regardant par la fenêtre arrière les eaux sombres de la Garonne, que nous dominions depuis ce pont que nous traversions, je ne pus m’empêcher de penser à ma propre déroute automnale, qui depuis lors laissait à ma vie un goût amer de cendres noires. Des mots dans l’âme calcinée, pareille à l’onde muette, figée dans les contrebas : 

Je m’affranchirai de toi, quoi qu’il arrive, pour que le jour à venir ne soit pas d’avance décoloré. Ce n’est pas impossible ! Je serre les dents à chaque seconde, je reconnais ma chance. Je suis encore capable de faire ça ! Ne rien laisser remonter à la surface, ni se compromettre dans l’imaginaire. Faire le pitre, c’est toujours plus facile que de dévoiler son cœur…

Je tournai la tête vers Jérôme, assis à mes côtés, silencieux, écorché, tout comme moi perdu dans la dangereuse rêverie de l’amour déconfit, de ses « si », qui sûrement pourraient encore tout changer.

Il me regarda. Je lui souris. Ses yeux brillaient de cette souffrance qui touche parfois les êtres merveilleux, les emmenant là où le merveilleux n’a plus sa place.

Nous arrivâmes sur le parking de nos hôtes, où furent laissés la voiture, nos masques endoloris. Claquant sa portière avec énergie, Mike, soupçonnant la grisaille, nous lança un encouragement dont lui seul avait le secret :

-          Bon les filles, il ne s’agit pas de faire semblant, là ! On a tout ce qu’il faut, la weed, le rhum, les potes.  On va être heureux ce soir !  

-          T’inquiète-pas, lui répondis-je, on connaît parfaitement la marche à suivre.

J’échangeai avec lui un regard entendu, tandis que l’on pénétrait tous les quatre dans l’immeuble.  Nous étions en retard. Gilles et sa douce nous y attendait depuis longtemps.

Deux heures plus tard, nous attaquions le rhum. Joints de shit, d’herbe, bières, apéritifs à foison, avaient constitué notre mise en bouche commune. Dans une ambiance d’abord feutrée,  ragaillardie ensuite, avant de s’éprendre d’une agitation relative, néanmoins incontestable.

Les filles, plus calmes que nous autres, demeuraient à discourir dans le canapé à deux places et demi, en leur patrie, de sujets qui, sur l’heure, ne nous intéressaient que très mollement.

Nous devenions peu à peu quatre mauvais garçons, de plus en plus remuants, réceptifs les uns aux autres, bientôt tous prêts à appuyer sur la détente.  Nous décidâmes, sous l’initiative de Gilles, qui ne voulait sous aucun prétexte nous laisser filer sans lui, d’aller vaquer à notre beuverie sur les proches berges de la Garonne. Enflammé, touché par sa sincérité, je laissai fuser, enthousiaste :

-          Ok, c’est parti ! Allons foutre le feu à tes putains de berges ! 

Mike prépara en vitesse un planteur approximatif, brûlant, dans une bouteille en plastique vide. On ne fit pas de manière, ne s’intéressant que de très loin aux proportions qui composèrent la mixture. On testa le breuvage avant de sortir.

-          Putain, ça arrache ! cria presque Gilles, avant que je ne le goûte moi-même, constatant effectivement que le liquide irradiait la gorge, en préambule à ce qu’il infligeait ensuite, immanquablement, à nos entrailles.

Nous fûmes bientôt dehors, tous les quatre cernés par un froid relatif, notre envie de changer le monde, aspergés déjà dans nos veines par plusieurs bonnes gorgées de rhum orangé. Nous atteignîmes les berges en un instant, déterminés, pas encore tout à fait chancelants, de gentils fantômes surgis de nulle part, dans les appétits obscurs et célestes d’une destination n’existant vraisemblablement pas.

Tandis que nous marchions, zèbres claudicants, nous profitions de la ballade, échangeant sans cesse la bouteille de rhum, les joints que Mike avait pré-roulés. Sur notre gauche trônaient des immeubles un peu sales, partiellement éclairés de lumières blanches, stériles. Les eaux troubles de la Garonne coulaient sur notre droite, dans un murmure lancinant, en bas d’un talus de pierres d’une dizaine de mètres de hauteur.  

Après un quart d’heure d’une hasardeuse croisière, notre attention fut soudain mobilisée par l’animation s’échappant d’une gentille soirée, se déroulant au troisième étage de l’un des bâtiments que nous longions. Premier contact imminent, spontané comme nos bouches un peu folles, Gilles prit énergiquement la parole, avec une conviction qui me toucha presque :

-          Hou hou ! Hey ho ! Alors, ça va ? Vous vous éclatez ?

Deux ou trois personnes seulement daignèrent jeter un regard vers nous. Il ne se passa rien d’autre. Peut-être l’une d’entre elles lui souriait discrètement en retour. Mais je ne vis que leur silence hautain. Il mit en exergue cet apitoiement relatif, mesquin, suggéré, qui m’apparut subitement insupportable, tant il était facile d’en faire usage en de pareilles circonstances. Refrain obligé d’un trublion désabusé, agressif, dont je m’attachai à épouser étroitement le titre, j’hurlai brusquement à leurs faces :

-          Rien à foutre de vos gueules ! Et moins encore de vos salopes ! 

Gilles intervint aussitôt, me saisissant par les épaules, me tirant vers l’arrière, tout en leur lâchant quelques mots d’excuse. Un comble ! Mike, tout sourire, commenta à bon escient :

-          Voilà ! Voilà ce que ça lui fait, au garçon ! 

Pris par le jeu, je surenchéris, escorté d’une volonté insatiable, celle d’accomplir mon devoir jusqu’au bout :

-          Ouais, je les emmerde ! Je les emmerde eux et leurs pouffiasses...  Je vous  emmerde ! ! 

La sensation très nette de devenir un hors la loi, principalement vis à vis de moi-même, naquit en moi, ce qui m’invita à parfaire la mascarade d’un dernier assaut, ne réclamant ni réplique, ni lamentation : 

-          Allez, soyez cools, les mecs ! Laissez vos meufs nous rejoindre ! Elles auront au moins une chance de passer un bon moment ! 

Un bref instant suspendu dans un no man’s land de stupéfaction, Gilles pris cette fois-ci un soin des plus autoritaires à me faire taire, agrémentant sa sentence d’une ponctuation sincère, excédée :

-          Mais t’es vraiment trop con, merde T’es vraiment trop con, putain !

On percevait maintenant une agitation nouvelle, là-haut, dans les appartements-cibles. Mes brillantes interventions avaient eu le mérite certain d’en  réveiller quelques-uns. Satisfaits, pas encore totalement débiles, on s’éloigna donc, simplement accompagnés par les rires contenus des sales gamins que nous étions.

La route s’ouvrait à nous.

Les proches rivages semblaient encore nous appartenir.

Nous étions enchantés par l’épisode, exception faite de Gilles, qui, pour la peine, les dommages subis, sembla m’en vouloir durant deux minutes.

Si le chant de la révolte est arbitrairement celui des révoltés, je devais alors appartenir à cette même race, mené enfin là où la nuit semblait devenue brasier. Un embrasement sans aucune flamme, dans les seules chaleurs de l’ivresse, non de la duperie.

Le monde me semblait si désagrégé que je n’avais plus qu’à lui faire face, à la manière d’un vaurien et, pourquoi pas, tant qu’à faire, à me mettre à  rire à son propos. Quels que soient les noms qu’on pouvait leur donner, tromperie universelle, grande supercherie, les fâcheux items menaient trop souvent la danse. Ils crucifiaient les bons moments, les louables intentions et, plus loin encore, plus certainement, plus profondément en nous, permettaient que nos grands rêves puissent être brisés.

La rage m’envahi pour de bon.

Je pris mes amis par les épaules, commençai à gueuler quelques syllabes en rythme. Sous mon invitation exhortée, nous nous mîmes à chanter un air d’une engeance virulente, un air qui devint vite, à mesure qu’il gagnait progressivement en force, en consistance, celui d’un seul et même soldat, cheminant vers la défaite avec autant de foi qu’il l’aurait fait pour  le triomphe.  

Cela ne rimait à rien, ne signifiait rien. Cela disait tout. A ce type, notre pote, le cœur une nouvelle fois en miettes, cela murmurait tout ce qu’on n’avait pas réussi à lui dire avec justesse, trois heures plus tôt :

-          On est là, mec. On ne changera rien à ce qui t’arrive. Mais ce soir, on est là, avec toi. Et ensemble, on va aller jusqu’au bout...

Si peu intelligible qu’il fût, ce chant, long d’une bonne dizaine de minutes, devint celui de notre victoire, unanimement partagée. Toutes nos tripes. Baignées d’alcool, d’amitié, de désespoir, ou de révolte encore, elles disaient merde aux gueules de cons que nous avions croisées, restées ahuries à notre vue, notre écoute.

Nous n’étions pas fréquentables et ils avaient raison de le penser. Il serait facile de se moquer de nous, en racontant l’anecdote aux potes dès le lendemain matin, au PMU le Temple, histoire de se marrer tous ensemble un bon coup, gueules ouvertes.

Notre misère de dérangés, elle ne se partageait pas. Pas avec ceux-là.

Elle nous appartenait, à ceux de notre espèce, incarnant la seule revendication décente que nous avions à émettre. Il fallait urgemment la catapulter hors de nos frontières d’hommes titubants, si nous souhaitions exister autrement qu’en parachevant l’œuvre d’une alléchante résignation.

Le reste du monde, celui que nous n’acceptions pas encore, pourrait tout en dire, tout en penser, de notre rage infertile, que pas un seul de ses mots valides ne saurait seulement l’atteindre.
 
Tous investis d’une fureur jubilatoire, nous décidâmes de descendre le talus de pierres, pour nous rapprocher de la calme noirceur des eaux de la Garonne. Il fallait emprunter un escalier étroit, à la pente raide, dangereuse, comme notre maladresse commune, nos frissons d’ébriété, iraient sûrement se perdre par delà l’air blanc et brumeux de la nuit toulousaine.

Tandis que nous progressions difficilement, je revis fugacement, presque par inadvertance, les traits de son visage. L’espace d’une seconde, parmi les rires intermittents de mes amis qui, tout comme moi, se débattaient entre l’extase et l’effroi, l’envie de pleurer me prit si étroitement la gorge que je me remis à hurler. Gilles tressaillit, protesta :

-          Mais t’es barge putain, tu m’as fait peur ! J’ai bien failli me vautrer !

Je le regardai, lui souris sans répondre, la seule excuse à donner, tandis que le visage revint en sa position initiale, très légèrement en retrait de l’actualité, où il demeurait depuis des mois, dans l’invisible matière de mon amour meurtri.

Les pieds enfin au sol, parterre d’herbe un peu boueux, nous fîmes enfin une pause, échangeant en riant les dernières gorgées de notre rhum arrangé. Disposés en cercle, nous nous faisions face, tous les quatre.

Les mots ne sortaient pas encore, malgré l’alcool, la brutale amitié. Ils sautaient de regard en regard, sans ne jamais se perdre.  Jérôme souriait vraiment, comme nous devions admettre que la parenthèse offerte valait assurément le coup d’être vécue.

Il tourna la tête vers la gauche, suivant du regard le sens de l’écoulement des eaux sombres du fleuve. Il le garda de si longues secondes porté vers un point connu de lui seul, que ce point devint bientôt notre seule urgence.

Nos rires s’estompèrent, pas les sourires. La nuit était certainement froide. Les grands rêves, on les avait enfin mis de côté. Jérôme nous regarda, fit un signe de la tête vers les avals. Il murmura enfin, doucement, d’une voix obscurément hypnotique :

-          On continue, les mecs ? C’est par là… C’est par là qu’il faut aller…


jeudi 19 juin 2014

Blues en mi


Le mec arrive chez toi avec un pack de despé.

Vous avez déjà eu l’occasion de parler musique. C’est un guitariste du dimanche, lui aussi. Il officie sur Fender, modèle Telecaster.

Très bluesy, la Telecaster. Authentique.

Vous buvez une bière au goulot, fumez un pétard, envoyez du gros Massive Attack sur les Bowers & Wilkins. 

Vous êtes pris, en confiance.  

La sono se tait. Il y a deux guitares…

Pendant un temps, chacun joue un truc à lui, en essayant d’imposer un gimmick, un riff, une reprise approximative de son propre répertoire. Ça ne marche pas. Vous n’êtes plus assez bons pour vous trouver sur la musique d’un autre.

Alors vous lancez un blues. Un bon vieux blues en mi, quatre temps.

Le mec envoie la rythmique et toi, un solo très simple, presque archaïque. Les deux voix se trouvent et, très vite, vous sonnez.

Le mec te regarde et, de suite, ça brille dans les yeux. C’est la flamme, l’oxygène.

On vous regarderait à ce moment-là, on vous trouverait certainement un peu idiots. Mais peu importe.  Et peu importe aussi la gamme, le phrasé, la figure de rythme.

Rien ne sonnait avant d’envoyer ce blues. Depuis cinq minutes, vous êtes pourtant les deux types les plus heureux du monde…


52 Semaines est un projet en commun créé en 2013 avec mon frère Pascal. 
L'une de ses photos, romancée par quelques-uns de mes mots...