Ce que je voudrais
dire à Messieurs Valls, Hollande et consort.
En ce
nouveau jour d'une peine immense et d'une colère infinie, je vous retire le
droit de parler en notre nom, au nom du peuple de France.
Je vous interdis de
dire à notre place que nous ferons front, que nous serons courageux, que nos
larmes sécheront un jour, parce que la démocratie est la plus forte et qu'elle
finira par vaincre.
Je
vous interdis de dire ce que vous ne savez pas, cette matière dont vous ignorez
tout, nos battements de cœur, nos révoltes sincères pour l'instant inutiles,
nos aspirations simples d'un monde plus équilibré, où les raisons des humbles
et des plus faibles, sont celles qu'il faut défendre, avant tout.
Je
vous retire le droit de proclamer que j'ai mal et que vous allez faire le
nécessaire pour que cette douleur cesse.
Je
vous retire le droit d'incarner ces martyrs, nos morts, pour les guerres et les
intérêts qui n'ont jamais été ceux des gens qui sont écrasés par les bombes, ou
les camions blancs.
Je
vous retire le droit de nous faire part de ce que vous imaginez pour nous, pour
les années à venir. Vous n'imaginez rien. Vous ne rêvez pas. Vous calculez.
Je
vous laisse ce droit-là, celui de calculer.
Calculez,
jusqu'à ce que les chiffres vous étouffent, vous aspirent, et vous fassent
finalement disparaître.
Calculez
de quelle manière vous pourrez encore écraser nos droits les plus fondamentaux,
à coups de 49.3, de corruption, de collusion, de vente d'armes à
l'international, comme le symbole d'une nation qui s'est perdue en chemin.
Calculez...
Et rappelez-vous, jusqu'à ce que mort s'en suive, à quel point vous avez trahi
cette démocratie, cette même démocratie que vous étiez censés représenter, avec
justesse, justice, humilité et tempérance.
Calculez
et rappelez-vous encore à quel point vous la foulez au pied depuis vos sombres
exercices, vos grands palais, vos beaux discours, vos louanges misérables d'une
élite assoiffée qui ne sert qu'elle-même, les intérêts des puissants, des
lobbys, des hégémonies.
Rappelez-vous
enfin que nous n'oublions rien, que nous n'oublierons plus, ni votre ingérence,
ni vos colonies, ni vos obséquieuses médailles du mérite, ni votre inépuisable
condescendance.
Rappelez-vous
qu'un jour nous changerons peut-être de logiciel interne.
Un
jour viendra, car il doit maintenant venir, où nous nous réveillerons pour de
bon, où nous comprendrons que ce n'est pas à nos enfants de changer la triste
donne d'un monde à bout de souffle.
C'est
à nous, les morts, les vivants, les écrasés, de réaliser cette improbable
mutation, cette lumineuse acrobatie que de renverser enfin un Système qui nous
tue.
Je
vous retire le droit de m'interdire de me battre pour ce nouveau monde, ce
monde dont vous ne ferez plus partie.