lundi 4 février 2013

Pour moi


Pour moi...
  



Ce n’est pas la qualité de cette photo qui compte. Elle fut prise avec un smartphone en roulant sur l’autoroute. Ce qui compte, c’est l’instant dont elle témoigne.

Ce matin là je me levai avant le jour. Je fus sur la route aux toutes premières lueurs de l’aube. Ce matin là était l’un de ceux qui porte en lui un caractère irrémédiable, en cela que la nuit emporterait avec elle les derniers vestiges d’un grand rêve. Ce matin là, se lever c’était avant tout ne pas rompre mais juste se lever.

Une cigarette à la bouche, mon sang gorgé de caféine, accompagné de Marylin Manson qui gueulait « nothing’s gonna change the world », je pris ainsi la route du Sud-est, déjà tant de fois parcourue qu’elle avait fini par devenir mienne.

Très loin, là où la Ligne réside, l’obscurité fut bientôt fragilisée, amoindrie. D’une pointe lumineuse d’abord discrète jailli en quelques minutes un feu, un volcan incandescent dont la lave embrasa progressivement tous les nuages du ciel, comme si vaincre les ténèbres ne pouvait être réalisé sans panache, sans éclat et sans une absolue conviction.  

Quand la lave du ciel fini par m’atteindre, je me laissai doucement aller à pleurer. Je pensais à toutes ces questions dont on ne veut parfois pas connaître les vraies réponses ou dont on croie trop hâtivement les avoir déjà obtenues.

Je voulus immortaliser ce moment. Ainsi, au prix d’une involontaire décélération massive et d’un écart déraisonnable, je fis une série de photos tout en continuant à rouler et je n’obtenus que ce seul cliché approximativement valable. C’est après avoir retravaillé les nuances et l’intensité des couleurs que l’appareil n’avait pas su capturer, que j’eus envie d’écrire quelques mots.

Ceux d’une histoire qui ne finira jamais, incessant apprentissage. Les grands rêves peuvent mourir, ceux qui les portent aussi. Mais il existait une autre fable dans la lave du ciel de ce matin là, car si la colère est un mauvais songe dont il faut se départir, il suffit parfois de se lever et d’ouvrir les yeux. Ce que me donna cette aube presque irréelle, c’était cela : la matérialité de demain et la possible survenance du Beau. Rien n’aurait mieux su me dire que le temps est avant tout ce que l’on décide de faire de lui.



2 commentaires:

BercéeDi-Puglia Isabelle a dit…

Magnifique !!! si je te lis ...souvent même discrètement, LoVe , Isabelle

Olivier Brugerie a dit…

Merci Isabelle, lov u 2

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