lundi 12 novembre 2012

Ne pas cesser

Bureaux de Marseillan. Lundi 1er octobre, 10h30, une pensée voguant entre hier et aujourd'hui…


Je viens de te déposer. Tu es encore avec moi, partout dans la voiture ; elle est même envahie par toi. Voici quelques minutes, sans connaître un nom dont tu n’as de toute évidence pas besoin, tu m’as dit que tu aimais Dead Can Dance :

« Elle est belle ta musique, Papa », alors que passait Agape, l’une des chansons les plus réussies de leur nouvel album, Anastasis.

Dès l’instant où je t’ai quitté, j’ai roulé à vive allure, et j’ai immédiatement allumé une cigarette. Je traverse maintenant le village et le soir tombant donne aux briques rouges de l’Eglise des atours un peu magiques. L’écho du monde, ce que je peux en percevoir, n’est qu’un chuchotement serein que l’on envisage seulement par inadvertance, dans cette course qui ne faiblit pas.

Je me dirige vers la nationale qui m’emmènera vers Toulouse, avant de prendre l’A61, route du Sud-est. Au rond point, je m’arrête brusquement. Je sors de la voiture et je regarde simplement l’offrande du soir. Je n’ai pas l’appareil photos, le mauvais oubli du week-end. Alors je shoote avec le Smartphone, trois ou quatre clichés à la volée, et c’est exactement comme si je partageais ce paysage de Gers avec toi, déjà si loin de moi, et pourtant si présent...

Je vois les deux panneaux indiquant le sens interdit. Un camion s’engage dans le rond point et le chauffeur, tandis qu’il passe la seconde, me regarde d’un air assez redoutable, comme s’il me suspectait d’une légère infraction. Ai-je pris un sens interdit ?

Je reprends la route, seul au monde, dans la sensation pourtant exacte d’être innervé par l’amour d’autrui, comme si les veines étaient l’amour lui-même. Les kilomètres s’effacent et Brenda Perry pose les bases du conciliabule musical tandis que je repense à ces fameux sens interdits, ces routes hasardeuses où tout se joue en vérité. La nuance n’est pas moins dans le cœur des hommes que dans la lumière d’un jour descendant, ou dans l’absolue vitalité d’un sentiment. 

Mon fils... De ce parcours qui nous fait tous les deux, depuis l'instant où je t'ai vu naître, j'ai tant appris. J'apprendrai tant encore de toi, et sans aucun doute jusqu'au dernier souffle. Je te vois, même quand tu n'es pas avec moi et je sais ce que je n'avais jamais su auparavant.. La leçon, ce n'est que l'amour et c'est la plus belle leçon qui soit. Il faut prendre et donner,  ce que nous sommes, ce que nous avons été, ce que nous serons. Et ne pas cesser… 


1 commentaire:

Duke a dit…

Quoi de plus absolu que l'amour porté ( sans limite, réserve, d'aucune sorte ) à son enfant ?

Bisoos Bro :)

nb: mes track préférées d' Anastasis, c'est Opium & Amnesia

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