Je pense à toutes ces années, toutes ces
histoires, un peu dingues ou un peu
moins. Elles sont là, elles existent. Elles font partie de ma vie.
Je sais seulement que je ne dois pas
regretter, que je ne dois rien regretter. Je n’ai pas le choix. Aussi
imparfaites qu’invraisemblables parfois, ces histoires-là sont la vie elle-même.
Elles font de moi un être vivant.
Oui, un grand vertige et le grand saut,
tomber pour tout perdre, sans que rien d’autre pourtant ne cesse.
Qui n’a pas vécu cela ?
C’est tout le reste, tout ce qui demeure
inchangé, qui peut rendre fou, parce qu’à l’intérieur de vous, tout semble
différent, dévasté. Le plus déstabilisant alors, c’est qu’il n’y a que dans cet
intérieur là que cette dévastation est palpable, tangible, presque raisonnable.
Elle échappe à la résidence du Monde, devenant pourtant le cœur même de Celui dans
lequel on doit vivre.
Si nous échouons là où nous supposions que l’entreprise
était juste, comment ne pas remettre en cause sa propre patrie, son domicile d’homme ?
Peut-être et simplement, en allant chercher
encore, au-delà des injustices, des pas de bol tu t’es planté et encore t’as
pas fini mec, parce que tu tentes, parce que tu vibres, et ce n’est surtout pas
un alibi et tu sais quoi, l’avenir s’en cogne.
Hé oui, t’es certainement plus assez fort
pour conquérir le monde ! C’est fâcheux, certes, mais t’as vu la gueule qu’il
a, le monde ?
Et pourquoi devrais-tu seulement t’en
soucier, alors qu’il te reste encore à entreprendre la plus grande des
conquêtes : celle de toi-même.
Ces épisodes, des plus prometteurs aux plus
chaotiques, sont la substance de vivre et, à l’heure qu’il est, tandis que le
jour ne tardera pas à poindre, la seule matière que je puisse abreuver.
Je suis une bête et un être humain. L’amour
n’a jamais été inconcevable. Il ne le
sera jamais. Il n’a pas dit son dernier mot.
Y’a t-il seulement un ailleurs, un plus
tard, un autrement qui puisse être différent, si nous ne changeons pas ? Ne
sommes-nous que quelques-uns à poser ce genre de questions ? Je ne le
crois pas. Je me trompe peut-être.
Faudrait-il aussi se résigner à oublier les
rêves de notre jeunesse, ceux d’une époque où le rêve lui-même ne pouvait être compromis.
Ce n’est pas une question d’adolescence écornée, mais de résignation. Et à
cette dernière, on peut encore dire non.
Un an passe ou une décade, en un seul
souffle, si vertigineux, qu’on n’évite pas le piège du compte à rebours. Mais
on doit pouvoir compter autrement.
J’ai beau avoir quarante ans, c’est bien une
vie entière que je veux pour demain. Je crois encore à quelques rêves et il se
pourrait bien que j’ai raison. Même si je ne connais pas la formule, je peux
tenter d’apprivoiser cette fourbe appréhension qui fige l’énergie vitale dans
un immobilisme qui ne devient qu’une cage de plus.
La raison pour laquelle je peux encore
intervenir, c’est que cette cage là n’existe que par moi, mes doutes et le
confort inconfortable dans lequel je baigne et me prélasse.
Etre une machine ou cesser de l’être.
Crever plus vite ou ne crever pas trop vite. Mourir quand l’heure sera venue. Mais
avant cela, et là je cite : décider quoi faire du temps qui nous est
imparti.
Ça colle, bien sûr. Ça fonctionne même suffisamment
pour garder les pieds sur terre, en les ancrant en cette planète avec une once
supplémentaire d’ardeur et de pragmatisme.
Faudrait-il également à jamais renier sa
part de folie ? Je ne le crois pas non plus.
Elle est cette parcelle encore capable de
changer la donne. Non pas qu’elle soit globalement assez futée pour s’accaparer
à elle seule le bon stratagème, mais de part sa nature, intrinsèquement,
devenir le vecteur de la mise en marche, le catalyseur d’un déclic devenu aussi
nécessaire qu’indispensable.
Où voulons-nous aller ? Que devons-nous
faire pour y parvenir ?
1 - Serrer les dents et pleurer, seulement
lorsque personne ne peut vous voir.
2 - Faire le pitre, au lieu de transmettre
sa tristesse.
3 - Dire des conneries, autant que l’on
peut.
4 - Faire des conneries, tant qu’il y aura
des conneries à faire.
5 - Croire au Beau, lorsque tout n’est que
mocheté ou ivresse - cela n’arrive presque jamais. Toujours croire en Lui.
6 - Apprendre de la laideur, sans
s’inspirer d’elle.
7 - S’impliquer et savoir être seul, sans
que la solitude ne soit jamais rempart à l’altruisme.
8 – Savoir ne pas être seul, pourtant lâcher
prise.
9 - Dire des trucs sympas, quand la
sympathie est véritable.
10 - Enfin, vendre sa culpabilité aux
enchères du Monde et puis le regarder, droit dans les yeux, sans honte et sans
rancune, au moment précis où il allonge la monnaie.
5 commentaires:
Pour La # 10, cela dépend du montant.... ;-)
Beau texte Bro !
Il est chouette ton texte, une fois de plus.
Pour la 1, je te dirais que pleurer est nécessaire parfois, et même si l'on est un homme, que ce soit n'importe ou,mais calculé surtout...
Pour la 2, faire le pitre peut rendre service, pour cacher sa douleur, mais un jour tu te retrouvres face à toi...
Pour la 3, Oui, si ça t'arrange, mais tu peux peut-être dire autre chose...
Pour la 4, je ne sais pas si c'est comme cela que tu trouveras la solution à ton problème...
Pour la 5, il n'y a pas que le beau dans la vie,il y a la vie aussi et tout simplement, pour l'ivresse, là aussi, ce n'est que ton choix...
Pour la 6, à ce point ? :-)
Pour la 7, s'impliquer, mais savoir être seul...peut-être faut-il te servir de ces moments de solitude pour faire le point avec toi...et voir ce qu'il ne va pas...
Pour la 8, à méditer :-)
Pour la 9, alors là, juste être vrai, c'est ça l'essentiel, mais pas pour faire plaisir aux autres...
Pour la 10, pas de commentaires.
Voilà, c'est juste un peu de mon ressenti.
Bonne journée Olivier.
Pour la 1,
je voulais dire, mais" pas" calculé surtout.
Jolie petite fleur blanche sur fond noir, en préface ... qui d'un prime abord pourrait sembler annoncer LA PAIX, comme l'étendard qu'on brandit sur le champ de bataille pour sauver sa vie comme celle d'autrui. Mais que nenni !
L' 'implicite fait LA GUERRE dans ses 10 commandements ... c'est une affaire de rapport de force, d'honneur, de dignité ... un truc de mec, quoi !
Et l' ensemble sonne comme le jugement dernier !
En tout respect, il n'y a donc plus rien à ajouter, n'est ce pas Olivier ?
Jolie petite fleur blanche qui s'accroche à son grillage...
Très joli texte une fois encore
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