En
entrant dans la pièce noire j’ai entendu le souffle de mon âme. Ce n’est pas
une histoire comme les autres.
La
ville et les plaines sont pourtant remplies de ces histoires là. Elles
remplissent elles-mêmes des cahiers, des esprits, des cœurs perdus. Depuis
combien de temps ?
Encore
une année passée à chercher, sans savoir vraiment si ce temps fut celui d’une
vraie recherche, d’une quête sincère et approfondie. Le temps n’est pas au
temps, il semble parfois seulement emprisonné dans sa propre fuite, depuis
cette époque jaunie dont nous nous souvenons tous et où tout semblait encore
possible. Que se passe t-il ? Est-ce que rien ne change sans ne faire que vieillir,
quelques rides aux coins des yeux ?
La
relation à soi se nourrit-elle de la magie qui existe parfois dans la relation
à l’autre ou est-ce l’inverse ? Décocher trois bons mots, sans jamais
résoudre les vrais maux. Le temps d’être soi-même est-il écoulé ou en avance
sur lui-même ?
Pas
de secret sans vertu. Tout est dans la bouche folle, expiatrice de ce mal qui
nous touche, qui nous consume. Tous ensemble, tous à la fois, dans l’évidence
d’être impliqué dans un rapport collectif tronqué, sans parvenir jamais à s’en
échapper ou à s’en extirper totalement. Ça ne colle pas, ni à la peau, ni au trublion de l’âme. Pourtant, c’est
enraciné, inévitable, d’une ampleur à couper le souffle.
Le
souffle… Toujours lui, tel un vacarme qui ne s’amenuise pas. Ici, dans nos
poitrines, pour nous éviter la rupture.
Se
chercher aux abords de ce gouffre immense, intrinsèque, dans la marque et
l’indice d’une appartenance indiscutable, indéfectible, à cette race qui ne
sait pourtant jamais être vraiment nous. Elle nous ressemble tant mais au moins
autant qu’elle pourrait nous effrayer.
Mais
ceci n’est pas la vérité de chaque instant. La modulation semble incessante et
elle l’est effectivement. Qui ne saisit pas le bon moment au vol lorsqu’il se
présente ? La lucidité peut s’accorder avec l’optimisme.
Les
êtres que l’on croit perdre, ceux qui meurent comme ceux qui demeurent, vivent
en nous, dans l’incessante machinerie de nos rêves et de nos sangs mêlés.
Il
faut ne pas craindre la faute. Puisqu’elle viendra de toute façon.
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