C’est
en entendant les chants provinciaux de tous ceux qui ne comptent pas que l’ouïe
est finalement devenue fine. La vraie histoire s’écrit sur les traces
presque imperceptibles laissées par tous ceux-là. C’est celle-là qu’il faudrait
conter, celle qui véritablement résonne.
Comment
définir le rapport à l’autre autrement qu’en envisageant un tempo qui n’existe
pas tout à fait ? Le Rythme et la Pulsion d’un être humain sont une voie
lactée dont l’exploration exhaustive ne pourra sans doute jamais être menée à
terme, ou à seule raison de vouloir contenir un infini dans une toute petite
boîte.
Si
nous devions imaginer une autre histoire, une mouvance interne suffirait
peut-être. Le souffle d’une vie s’incarne parfois dans si peu de choses, ou la
très frêle vertu de croire toujours et encore en la survenance du Beau. Les
Mondes s’écroulent et certaines croyances meurent et puis une fois cela
réalisé, renaissent sur les terres fécondes de l’espoir et de l’inventivité
tout ce que l’on voudra encore bien
accomplir.
Au
loin la Ligne. En toi le sang et sa Musique.
Je
repense à un récent autoportrait de mon frère. Ce qu’il dégageait, tant dans son
déterminisme que dans sa fragilité, légitime totalement l’exercice
lui-même, bien qu’il n’y ait évidemment besoin d’aucune justification. Car si
tu te regardes en face, sans compromission et dans la seule et exacte condition
d’une très rude empoignade avec toi-même, alors tu finiras bien par savoir qui
tu es vraiment. Ce chant qui te constitue et cette chanson silencieuse qui te
fait individu, parmi la multitude des autres de toi.
La
pulsion de devenir, alimenté par ces rêves qui ne s’éteindront qu’au dernier
souffle, contre le rythme de vivre, par à-coups et sans frémir, en avançant de
ces innombrables peut-être qui construisent l’authenticité d’un jour, alors que
l’invariable Soi détermine déjà presque tout le reste, le chemin, sa
trajectoire.
Faut-il
avoir connu la mort d’un être cher pour mieux appréhender la valeur d’une
vie ? Est-ce un langage qui s’insinue en toi non pas comme une menace
sous-jacente qui dirait que tout finira par t’échapper mais comme un message
diffusé lentement à l’intérieur pour éclairer ton âme d’un peu
d’humilité ?
Face
à ce qui advient, face à ce qui se profile, de ce que tu sais sans grand savoir
et de ce que tu ignores encore de tes seules intuitions, n’émerge parfois que
l’ineffable don d’avoir donné et reçu les amours imparfaites des êtres chers
qui ont croisé ta vie et qui en ont parfois redéfinit les limites propres, dans
l’éphémère union de deux rythmes que tu pourras porter en toi éternellement et
dans la pulsion de devenir ce que tu es déjà.
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