dimanche 3 juin 2012

Tristes figures

Un, deux, trois… Soleil !
Un, deus, trois… Soleil !

C’est un film que nous avions beaucoup aimé, ma grande sœur et moi. Du bon Blier, sorti en 1993. Un très grand Marcello Mastroianni, une Anouk Grinberg touchante et profonde, pour une histoire d’amour et de banlieue marseillaise, où petit Paul, le grand premier amour, finit par se faire tuer lors d’un cambriolage. Anouk se marie plus tard avec un plouc, mais sa vie éteinte ne l’est pas tout à fait, car au fond d’elle quelque chose subsiste, comme un cœur vibrant  qui n’a pas encore dit son dernier mot.

La fin du film, je pense que je ne l’oublierai jamais. Anouk accompagne Marcello, son père, vers la mort. Elle lui donne un courage immense et toute la dignité qu’il a depuis si longtemps perdue. Elle lui donne ce cœur caché et vibrant, qui n’est que le cœur de son être et le pousse à accomplir ce qu’il doit, le dernier voyage la tête haute, irradié de l’amour de sa fille. Le dernier plan, qui doit un être un contre-jour merveilleux où le vieil homme disparaît pour toujours, laisse place au visage d’Anouk, dont les yeux sont les rayons d’une âme qui a tout perdu, sans pour autant avoir jamais décidé de se perdre elle-même. Anouk s’adresse alors à son père une dernière fois et lui dit : « On les nique les tristes figures, on les nique ! ». Clap de fin et remous éternel…

La métaphore ne se situe pas dans un parallèle qu’il serait de toute façon inutile de tenter. L’analogie, ce n’est qu’une résonnance profonde, et un souvenir récemment filmé en noir et blanc. Il est de ces phrases qui deviennent les vôtres, comme ce chemin qu’il était plus facile de connaître que d’emprunter. Il est des écueils qui n’appartiennent qu’à ceux qui s’y louvoient ; la contrition n’est pas une demeure, mais bien une posture.

Pas besoin d’en faire plus, distinguons simplement qu’il n’est pas fortuit de reconnaître que nous sommes pour la plupart du temps au devant de ce qui advient, ou de ce qui n’advient pas. Et bien sûr qu’on les nique, les tristes figures ! 


1 commentaire:

Duke a dit…

A méditer...
Heureux de t'avoir lu de nouveau Bro :-)

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