mercredi 15 août 2012

Pt. 2



Plage du Maroc, commune de Vensac, Médoc.  Lundi 6 août, 13h30.


Carnet d’été, journal de bords. Carnet de plages, d’une mer à un océan, d’une rive Est à une rive Ouest, ou comment (se) raconter les brefs moments d’une vie qui se retrouve en côtoyant les grands espaces, les embruns véritables et la ligne, derrière moi, là où cognent des vagues cassées par des vents mal orientés, la Ligne toujours là, pour entreprendre toujours ce même voyage, qui lie le regard à la part la plus sincère de l’âme.

Les enfants jouent et l’amour ne semble pas très loin.

« Qu’est-ce que tu fais, papa ? » vient de me demander mon fils, qui m’a regardé un instant dans les yeux, avant de s’éloigner de nouveau pour parcourir sans entrave les grandes distances de cette aire de jeu magique, en tirant sans cesse derrière lui sa mini-planche de morey, qu’il tient invariablement par l’extrémité du petit leash noir.

Et l’amour qui prend soin de nous autres, au-delà de tous ses maux, de toutes ses guerres inutiles et vaines, qui paraissent pourtant presque indispensables à la course de la vie.

Ici la vérité, ce n’est que se lever de très bonne heure le matin, juste au lever du jour, pour aller prendre la descendante juste après l’étale, lorsque le vent marin ne s’est pas encore tout à fait réveillé et que les courants de Soulac sont raisonnables. Ici la vérité, c’est faire l’amour debout à la va-vite dans une salle de bain qui ne ferme pas tout à fait, à la seule heure possible de la journée, donc en pleine nuit, lorsque tous les autres dorment enfin. Il ne faut pas chercher plus. Une trace zébrée dans le ciel, comme ce sentiment qui nous parcourt, qui nous échappe et qui finalement nous fait. Une ligne interne, encore une ligne, une constitution.

Les bunkers allemands sont, quant à eux, toujours là. Les sables médocains ne les ont pas encore vaincus, pas encore engloutis. La cime des êtres se révèle dans l’harmonie qu’ils sont parfois capables d’instaurer avec le monde, les hommes et toutes choses avec lesquelles ils interagissent.

La dune, les bunkers, le sable discipliné par les flots qui se retirent très vite aujourd’hui, une houle imparfaite, les enfants et leur petite planche, rose pour elle, bleue pour lui, et cette femme tout près d’eux, toujours à veiller. Voilà ce qu’offre la condition humaine du jour, sous un soleil frais, lumineux, officiant juste au dessus de moi, à 13h dans le ciel. C’est un don universel et simple, sans artifice, qui ne laisse aucune place au doute. Profitons-en !



1 commentaire:

Anonyme a dit…

aucune place au doute

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