Mardi 23 septembre, 12h00 – Terrasse de la maison de papa, Kourou.
En vertu de ce que je suis en train de vivre ici, je ne sais que reconnaître la richesse de ce que me donne ce pays. Ici, sont très simplement la base et les fondements de ce que je suis. En mon moi véritable, résonnent les échos du chant guyanais, de ses forets et de ses fleuves, de son bagne insulaire devenu paradis, de ses amaryllis et de ses bougainvilliers et, par dessus tout, de son atmosphère, qui, comme nulle part ailleurs à ce jour, ne sait aussi bien me placer au centre de mon être, dans le complexe appareil d’une humanité dont il ne servira à rien d’omettre aucune part, des entractes de l’enfer aux puissances des justes chemins entrepris.
Je ne sais effectivement rien de ce que demain apportera.
Mais je n’ai plus peur et je crois de nouveau qu’il peut m’apporter beaucoup,
parce que je recommence à croire que je peux lui renvoyer la pareille. Je le
vois tel qu’il est, farouche et inconcevable. Ainsi, à l’exacte mesure de ce
que l’on doit attendre de lui.
Jacques, Benjamin, Dahlia, Thomas, Xavier, Hélène
et Cathy, mes adorables scientifiques chercheuses de loutres avec qui j’ai
passé quatre merveilleux jours sur le fleuve, voilà pour les prénoms. Il y en
aurait bien d’autres, mais il ne s’agît bien sûr pas de cela. Pour tout ce
qu’ils donnent, tout ce qu’ils renvoient, tout ce qu’ils alimentent, il suffit
peut-être de fermer les yeux et de ne plus écrire…
Voilà. Vous êtes là… Et la magie n’est donc pas
bien loin…
Si rien du passé ne meurt jamais vraiment, tout de
lui demeure en nous, comme une machine alimentant le vaste puit de notre âme.
Cette source est également celle du cœur, mais qui risquerait le naufrage à ne
pas savoir se détacher de lui. Car s’il se régénère en se nourrissant du jour
et de tout ce qu’il a à offrir, il peut se perdre et s’épuiser dans les
méandres douloureux des souvenirs.
La Guyane m’offre tant, tant et plus, chaque
nouveau jour, que ce séjour me semble être celui d’une renaissance douce et
nécessaire. La régénérescence du Souffle, dans un simple baiser, donné sous les
étoiles de Royale, parmi les contes d’une jeunesse qui ne s’est finalement pas
totalement enfuie.
S’il est un langage qui me fait, c’est celui-là. La
puissance du lien charnel fait écho à la respiration du Monde. Dans l'étreinte on
se perd, on se trouve et on devient plus sûrement une tangible part de Lui.
Je n’ai pas choisi d’être cela, mais peu importe.
Je suis cela. Le baiser de Claudia ne me sauvera pas, puisque le naufrage n’est
qu’une seule et même histoire, celle d’un parti pris. Son baiser est une
ouverture, un espace ténébreux enfin écartelé.
Si je venais en quête de réponses, dans l’avidité
d’un loup égaré, je reçois toute la lumière d’un pays qui m’a vu grandir et qui
m’accueille naturellement en lui, plus de 13 ans après l’avoir quitté et après
une longue absence de cinq années. Que dire de plus, que je ne sache
déjà ?
Mon âme est guyanaise. Elle lui appartient.
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